Impacts des changements climatiques sur la production avicole
Les changements climatiques affectent négativement les
systèmes de production avicole à travers plusieurs paramètres environnementaux.
Parmi ces derniers, la température ambiante paraît le plus important. Le présent article est donc développé en considérant l’impact des changements
climatiques sur la production avicole à travers le stress thermique. Il décrit de façon générale (toutes races de volailles confondues) les effets
négatifs du stress thermique sur les systèmes de production avicole.
Performances de production
Les
performances de production sont constituées principalement des paramètres tels
que le gain de poids (la croissance), le taux de ponte (la production d’œufs de
qualité) et la qualité de la viande. L’influence du stress thermique sur la
croissance des animaux en général et des volailles en particulier est de nos
jours connue de tous, surtout des éleveurs avicoles qui dans leur quotidien
font face à ce phénomène. Le stress thermique présente un effet négatif sur le taux
de croissance et de production des volailles à travers une réduction de
l’ingestion alimentaire et une augmentation de la consommation d'eau. En effet,
lorsque la température ambiante augmente, la volaille doit maintenir
l'équilibre entre la production et la perte de chaleur et ainsi donc réduire sa
consommation d'aliments afin de diminuer la production de chaleur interne par
le phénomène du métabolisme des nutriments. Par exemple, avec une température
ambiante comprise entre 32 et 38°C, les recherches récentes ont révélé une
réduction d’environ 5 % de la consommation alimentaire chez les volailles pour
chaque augmentation de 1°C de la température. Dans le cas précis des poulets de
chair, des expériences ont montré qu’un stress thermique chronique provoque
jusqu’à 16,4% et 32,6% de réduction de la consommation alimentaire et poids
corporel respectivement puis un taux de conversion alimentaire plus élevé (+25,6%)
à 42 jours. Ces derniers résultats ont été ensuite soutenus par une série
d’autres études qui ont révélé une dépréciation de performance de croissance chez
les volailles lorsqu’elles sont soumises à un stress thermique. Ce phénomène,
surtout lorsqu’il est enregistré au sein des élevages de poulets de chair, constituent
de sources de pertes de devises économiques pour le promoteur, et donc de
réduction de son revenu.
De même, en
cas de stress thermique, une réduction de la production et une dépréciation de
la qualité des œufs sont observées, entraînant ainsi une limite la productivité
chez les poules pondeuses. En effet, en périodes de fortes températures
ambiantes, la volaille détourne l'énergie métabolique issue de la dégradation des
aliments consommés pour maintenir sa température corporelle constante. Ce qui entraîne
une baisse de la production des œufs, avec une qualité inférieure des œufs
produits. Le stress thermique provoque donc chez les volailles de variables
dépréciations (fonction de la persistance du stress) de poids des œufs et de la
coquille d'œuf. Ainsi, l'augmentation de la température environnementale diminue
significativement l'ingestion alimentaire, la production d'œufs (nombre d’œufs
pondus), le poids moyen des œufs et le poids vif des volailles, mais aussi
influence certains traits de qualité des œufs, tels que l’épaisseur de la
coquille. Un autre paramètre environnemental moins important que la température
ambiante, mais qui influence également la productivité des volailles est la
concentration de l’ammoniac dans l'environnement. Selon plusieurs études récentes,
une forte concentration de l’ammoniac au sein du bâtiment d’élevage (supérieure
à 20 ppm pour les jeunes et 40 ppm pour les adultes) peut être à l’origine de
nombreuses maladies respiratoires qui affectent l’état de bien-être des
volailles et ainsi donc leur productivité. De nombreuses stratégies d’adaptation
ont été développées afin de contrôler au mieux ces paramètres et limiter leurs
impacts négatifs sur la profitabilité des élevages avicoles en milieux chauds.
Le changement climatique pourrait affecter la qualité de la
viande de deux principales façons. Premièrement, il s’agit des effets directs
sur les organes et métabolisme musculaire au cours de l'exposition à la chaleur
qui peuvent persister même après l'abattage. Deuxièmement, des changements de
pratiques de gestion des élevages avicoles en réponse aux aléas climatiques affectent
indirectement la qualité de la viande. En outre, le conditionnement préalable
des poulets de chair à la chaleur pour encourager une meilleure survie pendant
le transport pourrait conduire à un pH plus variable de la poitrine. L'exposition
chronique à la chaleur affecte négativement les dépôts de graisse et la qualité
de la viande chez les poulets de chair, et l’envergure de l’impact varie d’une
race de poulet à une autre selon les résultats d’études scientifiques conduites
sur le sujet.
Performances de reproduction et santé
Les
performances de reproduction et de santé quant à elles regroupent la qualité de
la reproduction, l’état immunitaire des animaux ainsi que leur résistance aux
maladies. Le stress thermique entraîne une baisse de la qualité de la reproduction
à travers une réduction de l'épaisseur de la coquille d'œuf et augmentation du
taux de casse des œufs. Des réductions d’environ de 3,24%, 1,2% et 9,93%
respectivement du poids des œufs, de l’épaisseur de la coquille d’œuf et du
poids de la coquille d’œuf ont été enregistrées par plusieurs études de
recherches. Chez le coq reproducteur par exemple, l’exposition chronique à une
forte température ambiante (32°C) supprime ses capacités de reproduction en
raison d’une diminution de la différenciation des cellules épithéliales
séminifères, qui se manifeste par une diminution de la qualité et de la
quantité du sperme avec le temps. Les volailles exposées au stress thermique
manifestent des dysfonctionnements de système de reproduction, ce qui affecte
leurs capacités à se reproduire et donc à donner de progénitures.
Sur le plan
immunitaire et sanitaire, une exposition des volailles à une forte température environnementale
peut présenter un effet immunosuppresseur chez les poulets de chair et les poules
pondeuses particulièrement. Le stress thermique réduit donc le taux d’anticorps
circulants dans le sang chez les poulets de chair et diminue les poids relatifs
du thymus et de la rate et du foie chez les poules pondeuses. De façon
générale, il est connu de tous que l’un des principaux impacts des changements
climatiques est la modification de la répartition mondiale des maladies. Les
variabilités climatiques peuvent engendrer une prolifération des insectes
vecteurs, prolonger les cycles de transmission ou augmenter l'importation de
vecteurs ou d'animaux réservoirs. Il peut également avoir un effet négatif sur la
biodiversité, la répartition et les schémas migratoires des oiseaux pouvant
conduire à l'apparition d'épidémies. Il favorise le développement du cycle de
transmission du virus de la grippe aviaire puis affecte directement sa survie.
Toutes ces influences concourent à la réduction de la productivité des animaux et donc à une dégradation du revenu net des éleveurs. Il urge donc d’observer des mesures idoines, efficaces et appropriées aux conditions socio-culturelles, technico-économiques et financières des éleveurs en vue d’une production avicole efficiente et durable puis de la promotion de l’entreprenariat agricole en Afrique de l’Ouest.
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Fréjus Tanguy ZINSOU, Animal Scientist; (229) 66 96 34 29; frejusablo@gmail.com
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