21 octobre, 2020

CHANGEMENT CLIMATIQUE ET ELEVAGE AVICOLE EN AFRIQUE DE L'OUEST

Impacts des changements climatiques sur la production avicole

Les changements climatiques affectent négativement les systèmes de production avicole à travers plusieurs paramètres environnementaux. Parmi ces derniers, la température ambiante paraît le plus important. Le présent article est donc développé en considérant l’impact des changements climatiques sur la production avicole à travers le stress thermique. Il décrit de façon générale (toutes races de volailles confondues) les effets négatifs du stress thermique sur les systèmes de production avicole.

Performances de production

Les performances de production sont constituées principalement des paramètres tels que le gain de poids (la croissance), le taux de ponte (la production d’œufs de qualité) et la qualité de la viande. L’influence du stress thermique sur la croissance des animaux en général et des volailles en particulier est de nos jours connue de tous, surtout des éleveurs avicoles qui dans leur quotidien font face à ce phénomène. Le stress thermique présente un effet négatif sur le taux de croissance et de production des volailles à travers une réduction de l’ingestion alimentaire et une augmentation de la consommation d'eau. En effet, lorsque la température ambiante augmente, la volaille doit maintenir l'équilibre entre la production et la perte de chaleur et ainsi donc réduire sa consommation d'aliments afin de diminuer la production de chaleur interne par le phénomène du métabolisme des nutriments. Par exemple, avec une température ambiante comprise entre 32 et 38°C, les recherches récentes ont révélé une réduction d’environ 5 % de la consommation alimentaire chez les volailles pour chaque augmentation de 1°C de la température. Dans le cas précis des poulets de chair, des expériences ont montré qu’un stress thermique chronique provoque jusqu’à 16,4% et 32,6% de réduction de la consommation alimentaire et poids corporel respectivement puis un taux de conversion alimentaire plus élevé (+25,6%) à 42 jours. Ces derniers résultats ont été ensuite soutenus par une série d’autres études qui ont révélé une dépréciation de performance de croissance chez les volailles lorsqu’elles sont soumises à un stress thermique. Ce phénomène, surtout lorsqu’il est enregistré au sein des élevages de poulets de chair, constituent de sources de pertes de devises économiques pour le promoteur, et donc de réduction de son revenu.

De même, en cas de stress thermique, une réduction de la production et une dépréciation de la qualité des œufs sont observées, entraînant ainsi une limite la productivité chez les poules pondeuses. En effet, en périodes de fortes températures ambiantes, la volaille détourne l'énergie métabolique issue de la dégradation des aliments consommés pour maintenir sa température corporelle constante. Ce qui entraîne une baisse de la production des œufs, avec une qualité inférieure des œufs produits. Le stress thermique provoque donc chez les volailles de variables dépréciations (fonction de la persistance du stress) de poids des œufs et de la coquille d'œuf. Ainsi, l'augmentation de la température environnementale diminue significativement l'ingestion alimentaire, la production d'œufs (nombre d’œufs pondus), le poids moyen des œufs et le poids vif des volailles, mais aussi influence certains traits de qualité des œufs, tels que l’épaisseur de la coquille. Un autre paramètre environnemental moins important que la température ambiante, mais qui influence également la productivité des volailles est la concentration de l’ammoniac dans l'environnement. Selon plusieurs études récentes, une forte concentration de l’ammoniac au sein du bâtiment d’élevage (supérieure à 20 ppm pour les jeunes et 40 ppm pour les adultes) peut être à l’origine de nombreuses maladies respiratoires qui affectent l’état de bien-être des volailles et ainsi donc leur productivité. De nombreuses stratégies d’adaptation ont été développées afin de contrôler au mieux ces paramètres et limiter leurs impacts négatifs sur la profitabilité des élevages avicoles en milieux chauds.

Le changement climatique pourrait affecter la qualité de la viande de deux principales façons. Premièrement, il s’agit des effets directs sur les organes et métabolisme musculaire au cours de l'exposition à la chaleur qui peuvent persister même après l'abattage. Deuxièmement, des changements de pratiques de gestion des élevages avicoles en réponse aux aléas climatiques affectent indirectement la qualité de la viande. En outre, le conditionnement préalable des poulets de chair à la chaleur pour encourager une meilleure survie pendant le transport pourrait conduire à un pH plus variable de la poitrine. L'exposition chronique à la chaleur affecte négativement les dépôts de graisse et la qualité de la viande chez les poulets de chair, et l’envergure de l’impact varie d’une race de poulet à une autre selon les résultats d’études scientifiques conduites sur le sujet.

Performances de reproduction et santé

Les performances de reproduction et de santé quant à elles regroupent la qualité de la reproduction, l’état immunitaire des animaux ainsi que leur résistance aux maladies. Le stress thermique entraîne une baisse de la qualité de la reproduction à travers une réduction de l'épaisseur de la coquille d'œuf et augmentation du taux de casse des œufs. Des réductions d’environ de 3,24%, 1,2% et 9,93% respectivement du poids des œufs, de l’épaisseur de la coquille d’œuf et du poids de la coquille d’œuf ont été enregistrées par plusieurs études de recherches. Chez le coq reproducteur par exemple, l’exposition chronique à une forte température ambiante (32°C) supprime ses capacités de reproduction en raison d’une diminution de la différenciation des cellules épithéliales séminifères, qui se manifeste par une diminution de la qualité et de la quantité du sperme avec le temps. Les volailles exposées au stress thermique manifestent des dysfonctionnements de système de reproduction, ce qui affecte leurs capacités à se reproduire et donc à donner de progénitures.

Sur le plan immunitaire et sanitaire, une exposition des volailles à une forte température environnementale peut présenter un effet immunosuppresseur chez les poulets de chair et les poules pondeuses particulièrement. Le stress thermique réduit donc le taux d’anticorps circulants dans le sang chez les poulets de chair et diminue les poids relatifs du thymus et de la rate et du foie chez les poules pondeuses. De façon générale, il est connu de tous que l’un des principaux impacts des changements climatiques est la modification de la répartition mondiale des maladies. Les variabilités climatiques peuvent engendrer une prolifération des insectes vecteurs, prolonger les cycles de transmission ou augmenter l'importation de vecteurs ou d'animaux réservoirs. Il peut également avoir un effet négatif sur la biodiversité, la répartition et les schémas migratoires des oiseaux pouvant conduire à l'apparition d'épidémies. Il favorise le développement du cycle de transmission du virus de la grippe aviaire puis affecte directement sa survie.

Toutes ces influences concourent à la réduction de la productivité des animaux et donc à une dégradation du revenu net des éleveurs. Il urge donc d’observer des mesures idoines, efficaces et appropriées aux conditions socio-culturelles, technico-économiques et financières des éleveurs en vue d’une production avicole efficiente et durable puis de la promotion de l’entreprenariat agricole en Afrique de l’Ouest.

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Fréjus Tanguy ZINSOU, Animal Scientist; (229) 66 96 34 29; frejusablo@gmail.com

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