Les Blocs Multi Nutritionnels (BMN): Définitions et Modes de fabrication
Dans de nombreux pays en
développement, une bonne partie de l’alimentation des ruminants est
principalement basée sur l’utilisation excessive des pâturages naturels et des
résidus de culture (paille des céréales, fanes de légumineuses, etc.). Le
principal problème de l’utilisation de ces fourrages réside dans leur
déséquilibre nutritionnel, une faible teneur en protéines surtout pendant les
périodes de sècheresse. Classiquement, l’amélioration de la valeur alimentaire
de ces fourrages est obtenue par un apport d’énergie, de protéines pour activer
la fermentation dans le rumen. Cependant, en Afrique subsaharienne, l’accès à
ces compléments protéiques est plus difficile à cause du coût élevé de la
plupart car ils sont apportés par l’achat dans le commerce pour couvrir les
besoins nutritifs des animaux sur pâturages ou en l’engraissement. Il est donc
paru nécessaire d’améliorer la situation alimentaire du cheptel national pour
un développement de système fourrager en adéquation avec les potentialités de
l’élevage existant dans chaque zone agro écologique et adaptés aux conditions
socio-économiques des agro-éleveurs.
Dans le cas de l’alimentation des
ruminants (bovins, ovins et caprins surtout), les blocs multinutritionnels
constituent donc une piste prometteuse explorée par la recherche depuis
plusieurs années.
D’après Gnanda (2008), un bloc
multinutritionnel (BMN) peut être définit comme « un assemblage d'éléments homogènes renfermant des nutriments minéraux,
azotés, énergétiques et parfois vitaminiques » et dont la fabrication
se fait à partir des ressources alimentaires localement disponibles. La
technologie de bloc multinutritionnel présente l’avantage d’améliorer les
fermentations de la paroi végétale et de la croissance microbienne par un
apport synchronisé et réparti sur la journée de l’azote et de l'énergie
fermentescible, des minéraux et des vitamines (Moujahed et al., 2003). L'effet
des blocs est appréciable sur la performance des ruminants. Du point de vu
socio économie, l'intérêt des BMN est considérable.
Le bloc multinutritionnel pour
nourrir les herbivores (monogastriques et polygastriques) est fabriqué à base
de fourrages broyés (pailles, fanes, paille et fanes, foin, coques, gousses des
ligneux), de sous-produits agroindustriels (sons, tourteaux, grains, farines),
de minéraux (calcaire, phosphate naturel, sel, coquilles d’huitre et d’œufs),
de liants (gomme arabique, farine de manioc) et de vitamines.
Les principaux intérêts des BMN
sont les suivants :
(a) une complémentation minérale catalytique pour les
microorganismes du rumen qui favorise les fermentations ruminales et par là,
améliore la digestibilité et l’ingestibilité du fourrage ainsi que la nutrition
azotée de l'animal grâce à une synthèse accrue des microbes du rumen;
(b) une supplémentation minérale qui fait souvent défaut
chez les éleveurs;
(c) une facilité de manipulation et de transport, surtout pour les transhumants;
(d) une diminution des risques d'intoxication par l'urée (grâce à une consommation 5 étalée),
(e) la possibilité de fabrication artisanale et de commercialisation
à l’échelle villageoise;
(f) une diminution du coût de la complémentation
alimentation (réduction de l’achat des concentrés qui pour la plupart coûtent
chers pour les éleveurs).
Formulation des blocs
multinutritionnels (BMN)
Plusieurs conditions et bon nombre
d’éléments existant dans le milieu de production constituent la base et doivent
être pris en compte lors de la formulation et fabrication de BMN.
Les tableaux 1 et 2 ci-dessous
présentent des formules de fabrication de bloc multinutritionnel (BMN) et Bloc
Multinutritionnel Densifié (BMD) pour nourrir les ovins, caprins et bovins (Pour plus d'information sur les techniques de formulation de ration alimentaires pour les animaux: Choix des matières premières; Techniques de formulation de la ration alimentaire au moyen de la Méthode du Carré de Pearson).
Tableau 1 : Exemples de formules alimentaires pour la fabrication de Bloc
Multinutritionnel (BMN)
|
Ingrédients |
Pourcentages (% ou Kg) |
||
|
Formule 1 |
Formule 2 |
Formule 3 |
|
|
Tiges de maïs |
40 |
- |
- |
|
Pailles de riz |
- |
40 |
30 |
|
Fanes de niébé |
20 |
- |
- |
|
Fanes d’arachide |
- |
20 |
20 |
|
Feuilles de Moringa |
10 |
- |
15 |
|
Son de maïs |
- |
- |
- |
|
Tourteau de coton |
- |
10 |
- |
|
Drêches de soja |
10 |
10 |
15 |
|
Goman (amidon de manioc) |
10 |
10 |
- |
|
Garigo (remoulage farine de manioc) |
- |
- |
- |
|
Argile |
- |
- |
10 |
|
Coquilles d’huitre |
05 |
05 |
05 |
|
Sel de cuisine |
05 |
05 |
05 |
|
Total |
100 |
100 |
100 |
Source : Montcho et al. (2016)
Tableau 2 : Exemples de formules alimentaires pour la fabrication de Bloc
Multinutritionnel Densifié (BMD)
|
Ingrédients utilisés |
Taux d’incorporation (%) |
|
Fourrages naturels (paille de
brousse) |
20 |
|
Gousses de Gao (Faidherdia albida) |
30 |
|
Son de blé |
15 |
|
Tourteau de graines de coton
(TGC) |
15 |
|
Calcaire de Malbaza |
06 |
|
Phosphate de Tahoua |
04 |
|
Sel de cuisine (NaCl) |
05 |
|
Liant (farine de manioc) |
05 |
|
Total |
100 |
Source : Ayssiwede et al. (2015)
Quelques étapes importantes
de la fabrication du BMN
Choix des ingrédients et formulation : Sur la base des
ressources alimentaires localement disponibles et en fonction des conditions
socio-économiques et financières de l’éleveur, le choix des ingrédients est
effectué. Ensuite, en fonction de la composition en nutriments de chaque ingrédient
et des besoins en nutriments des animaux à nourrir, une formule alimentation
est proposée et fournit les renseignements sur la quantité (proportion) de
chaque ingrédient qui va entrer dans la préparation/fabrication du bloc.
Pesée des quantités de chaque ingrédient et mélange des
ingrédients : Les proportions déterminées de chaque ingrédient sont
pesées et mélangées de façon homogène. L’ajout des ingrédients lors du mélange
se fait à partir des ingrédients majoritaires (à utiliser en grande quantité)
vers les ingrédients minoritaires (à utiliser en de petites quantités). Par
exemple, dans le cas des formules 1, 2 et 3 du tableau 1 ci-dessus, les
ingrédients majoritaires sont par ordre croissant de quantité : les tiges
de maïs, les pailles de riz, fanes de niébé et d’arachide, les feuilles de
Moringa, le tourteau de coton et les drêches de soja. Les ingrédients
minoritaires (donc à ajouter en dernière position) sont l’amidon et/ou farine
de manioc, l’argile, le sel de cuisine, et les coquilles d’huitre.
Figure 1: Ajout successif des ingrédients (gauche) et mélange homogène des ingrédients (droite)
Moulage : Le mélange homogène, humide et pâteux est ensuite
fortement tassé dans une moule (dont la forme ou configuration est variable).
Par ailleurs le choix d’une bonne forme de la moule se fait en considérer le
facteur « vitesse ou temps de séchage ». Car plus le bloc est riche
en matières protéiniques et que la moule est grande, plus il lui faut de temps
de séchage avec tous les risques de développement de moisissures (dans le cas
où la durée de séchage est longue).
Figure 2 : Moulage du mélange homogène d’ingrédients
Séchage : Le séchage consiste à
faire perdre de l’eau au bloc. Cette opération se réalise sous un soleil doux
ou à l’abris (sous hangar) afin d’éviter les forts rayons solaires qui
pourraient détruire la valeur nutritionnelle du bloc. Il est conseillé de faire
le séchage pendant une période sèches (présence du soleil ou de vents secs) pouvant
accélérer le séchage et éviter les risques de développement des moisissures à
l’intérieur du bloc.
Figure 3 : Séchage des blocs
Les BMN peuvent être aussi fabriqués par des moyens mécaniques modernes (Utilisation des machines pour la fabrication des BMN)
SUIVEZ MOI SUR YOUTUBE; FACEBOOK ET LINKEDIN
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire