21 octobre, 2021

LES BLOCS MULTINUTRITIONNELS POUR LES RUMINANTS: L'INNOVATION TECHNOLOGIQUE DES PREMIERES DECENNIES DU 21-è SIECLE

 Les Blocs Multi Nutritionnels (BMN): Définitions et Modes de fabrication

Dans de nombreux pays en développement, une bonne partie de l’alimentation des ruminants est principalement basée sur l’utilisation excessive des pâturages naturels et des résidus de culture (paille des céréales, fanes de légumineuses, etc.). Le principal problème de l’utilisation de ces fourrages réside dans leur déséquilibre nutritionnel, une faible teneur en protéines surtout pendant les périodes de sècheresse. Classiquement, l’amélioration de la valeur alimentaire de ces fourrages est obtenue par un apport d’énergie, de protéines pour activer la fermentation dans le rumen. Cependant, en Afrique subsaharienne, l’accès à ces compléments protéiques est plus difficile à cause du coût élevé de la plupart car ils sont apportés par l’achat dans le commerce pour couvrir les besoins nutritifs des animaux sur pâturages ou en l’engraissement. Il est donc paru nécessaire d’améliorer la situation alimentaire du cheptel national pour un développement de système fourrager en adéquation avec les potentialités de l’élevage existant dans chaque zone agro écologique et adaptés aux conditions socio-économiques des agro-éleveurs.

Dans le cas de l’alimentation des ruminants (bovins, ovins et caprins surtout), les blocs multinutritionnels constituent donc une piste prometteuse explorée par la recherche depuis plusieurs années.

D’après Gnanda (2008), un bloc multinutritionnel (BMN) peut être définit comme « un assemblage d'éléments homogènes renfermant des nutriments minéraux, azotés, énergétiques et parfois vitaminiques » et dont la fabrication se fait à partir des ressources alimentaires localement disponibles. La technologie de bloc multinutritionnel présente l’avantage d’améliorer les fermentations de la paroi végétale et de la croissance microbienne par un apport synchronisé et réparti sur la journée de l’azote et de l'énergie fermentescible, des minéraux et des vitamines (Moujahed et al., 2003). L'effet des blocs est appréciable sur la performance des ruminants. Du point de vu socio économie, l'intérêt des BMN est considérable.

Le bloc multinutritionnel pour nourrir les herbivores (monogastriques et polygastriques) est fabriqué à base de fourrages broyés (pailles, fanes, paille et fanes, foin, coques, gousses des ligneux), de sous-produits agroindustriels (sons, tourteaux, grains, farines), de minéraux (calcaire, phosphate naturel, sel, coquilles d’huitre et d’œufs), de liants (gomme arabique, farine de manioc) et de vitamines.

Les principaux intérêts des BMN sont les suivants :

(a) une complémentation minérale catalytique pour les microorganismes du rumen qui favorise les fermentations ruminales et par là, améliore la digestibilité et l’ingestibilité du fourrage ainsi que la nutrition azotée de l'animal grâce à une synthèse accrue des microbes du rumen;

(b) une supplémentation minérale qui fait souvent défaut chez les éleveurs;

(c) une facilité de manipulation et de transport, surtout pour les transhumants;

(d) une diminution des risques d'intoxication par l'urée (grâce à une consommation 5 étalée),

(e) la possibilité de fabrication artisanale et de commercialisation à l’échelle villageoise;

(f) une diminution du coût de la complémentation alimentation (réduction de l’achat des concentrés qui pour la plupart coûtent chers pour les éleveurs).

Formulation des blocs multinutritionnels (BMN)

Plusieurs conditions et bon nombre d’éléments existant dans le milieu de production constituent la base et doivent être pris en compte lors de la formulation et fabrication de BMN.

Les tableaux 1 et 2 ci-dessous présentent des formules de fabrication de bloc multinutritionnel (BMN) et Bloc Multinutritionnel Densifié (BMD) pour nourrir les ovins, caprins et bovins (Pour plus d'information sur les techniques de formulation de ration alimentaires pour les animaux: Choix des matières premières; Techniques de formulation de la ration alimentaire au moyen de la Méthode du Carré de Pearson).

Tableau 1 : Exemples de formules alimentaires pour la fabrication de Bloc Multinutritionnel (BMN)

Ingrédients

Pourcentages (% ou Kg)

Formule 1

Formule 2

Formule 3

Tiges de maïs

40

-

-

Pailles de riz

-

40

30

Fanes de niébé

20

-

-

Fanes d’arachide

-

20

20

Feuilles de Moringa

10

-

15

Son de maïs

-

-

-

Tourteau de coton

-

10

-

Drêches de soja

10

10

15

Goman (amidon de manioc)

10

10

-

Garigo (remoulage farine de manioc)

-

-

-

Argile

-

-

10

Coquilles d’huitre

05

05

05

Sel de cuisine

05

05

05

Total

100

100

100

Source : Montcho et al. (2016)

Tableau 2 : Exemples de formules alimentaires pour la fabrication de Bloc Multinutritionnel Densifié (BMD)

Ingrédients utilisés

Taux d’incorporation (%)

Fourrages naturels (paille de brousse)

20

Gousses de Gao (Faidherdia albida)

30

Son de blé

15

Tourteau de graines de coton (TGC)

15

Calcaire de Malbaza

06

Phosphate de Tahoua

04

Sel de cuisine (NaCl)

05

Liant (farine de manioc)

05

Total

100

Source : Ayssiwede et al. (2015)

Quelques étapes importantes de la fabrication du BMN

Choix des ingrédients et formulation : Sur la base des ressources alimentaires localement disponibles et en fonction des conditions socio-économiques et financières de l’éleveur, le choix des ingrédients est effectué. Ensuite, en fonction de la composition en nutriments de chaque ingrédient et des besoins en nutriments des animaux à nourrir, une formule alimentation est proposée et fournit les renseignements sur la quantité (proportion) de chaque ingrédient qui va entrer dans la préparation/fabrication du bloc.

Pesée des quantités de chaque ingrédient et mélange des ingrédients : Les proportions déterminées de chaque ingrédient sont pesées et mélangées de façon homogène. L’ajout des ingrédients lors du mélange se fait à partir des ingrédients majoritaires (à utiliser en grande quantité) vers les ingrédients minoritaires (à utiliser en de petites quantités). Par exemple, dans le cas des formules 1, 2 et 3 du tableau 1 ci-dessus, les ingrédients majoritaires sont par ordre croissant de quantité : les tiges de maïs, les pailles de riz, fanes de niébé et d’arachide, les feuilles de Moringa, le tourteau de coton et les drêches de soja. Les ingrédients minoritaires (donc à ajouter en dernière position) sont l’amidon et/ou farine de manioc, l’argile, le sel de cuisine, et les coquilles d’huitre.


 
Figure 1: Ajout successif des ingrédients (gauche) et mélange homogène des ingrédients (droite)

Moulage : Le mélange homogène, humide et pâteux est ensuite fortement tassé dans une moule (dont la forme ou configuration est variable). Par ailleurs le choix d’une bonne forme de la moule se fait en considérer le facteur « vitesse ou temps de séchage ». Car plus le bloc est riche en matières protéiniques et que la moule est grande, plus il lui faut de temps de séchage avec tous les risques de développement de moisissures (dans le cas où la durée de séchage est longue).

Figure 2 : Moulage du mélange homogène d’ingrédients

Séchage : Le séchage consiste à faire perdre de l’eau au bloc. Cette opération se réalise sous un soleil doux ou à l’abris (sous hangar) afin d’éviter les forts rayons solaires qui pourraient détruire la valeur nutritionnelle du bloc. Il est conseillé de faire le séchage pendant une période sèches (présence du soleil ou de vents secs) pouvant accélérer le séchage et éviter les risques de développement des moisissures à l’intérieur du bloc.

Figure 3 : Séchage des blocs

Les BMN peuvent être aussi fabriqués par des moyens mécaniques modernes (Utilisation des machines pour la fabrication des BMN)

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